Participation au sommet des conscicences — Institut des Hautes Études du Monde Religieux

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Participation au sommet des conscicences

Analyse du rapport religions et nature, profession de foi IHEMR pour sa participation au sommet des consciences.
#whydoicare #hulot #lecese

Publication

Profession de foi IHEMR partenariat sommet des consciences - Why Do I Care -

Septembre 2015

Conseil Economique Social et Environnemental 

 

Le rapport à la nature est extrêmement présent et central dans toutes les religions : elles posent toujours une relation homme/nature même si elle est de différent ordre :

  • entrelacée voir fusionnelle par exemple dans les traditions chamaniques, totémiques, analogique ou la nature est parfois directement déifiée
  • dualiste dans les monothéismes qui donnent une dimension supra-naturelle au divin pour le placer au-delà de la nature bien que présent car étant LE créateur.

Ces dernières sont comme encapsulées par ce rapport à la nature : on sort (chassé) d’un jardin et il s’agit d’aller vers un état édénique dans « l’au-delà ». Ces alpha et oméga induisant un temps linéaire sont décrits en contrepoint de la vie telle qu’expérimentée : ils font émerger la difficulté de la vie de l’homme dans son environnement naturel : effort, pénibilité, souffrance, fragilité, ….

 

La complexification des systèmes socio-techniques créés par l’homme ont probablement fait évoluer les "systèmes religieux" et ces "systèmes" ont également eu une influence sur le développement de nos sociétés. On ne peut séparer une religion du contexte sociétal dans lequel il se situe, et en retour, il faut bien qu'elle soit à minima performative, capable d'épouser les évolutions pour continuer à susciter de l'adhésion.

Une pensée religieuse dévoluant à l’homme un rôle de jardiner en charge de parachever la création a pu inciter ce dernier à développer des systèmes qui ne le rende plus directement dépendant de son environnement ce qui rejoint la pensée d'un Leroy-Gourhan : l'homme est sur-déterminé en indétermination, faible par nature et ne peut survivre sans médium techniques ni groupe, c’est à dire, une création de nos mains, de notre intellect/coeur.

Si nous avons conscience des biens qui nous entourent, si nous avons conscience de « manques » ou d’insuffisance, qu’ils sont même creusés par la matrice religieuse et si en plus ce système spirituel nous autorise à « dominer » et que de fait nous dominions de plus en plus validant ainsi par retour du réel la pensée religieuse, pourquoi en effet ne pas en faire usage pour notre propre Bien et poursuivre le plus loin possible puisque l’horizon c’est … l’éden ?

C’est bien ce qu’a fait, notamment, l’occident.

 

Ce que nous avons construit est devenu tellement vaste et complexe qu’il pourrait nous donner une impression de toute puissance et ce fut le cas d’ailleurs jusque l’émergence de la menace climatique.

Et pourtant il ne comble pas notre désir, semble en définitive ne pas pouvoir réaliser pleinement notre Bien, ce qui permet de déduire que satisfaire la dimension matérielle nous est nécessaire mais insuffisant...

Pourtant ce complexe reste profondément dépendant de la nature même s’il nous en éloigne et l’use follement…

Il y a donc une fragilité de la puissance et le risque avéré que cette puissance aspire linéairement et exponentiellement « ses » ressources sans circularité et régénérescence comme dans les cycles naturels et ainsi l’épuise. Les mythes du 19° siècle avaient anticipé l’échappement de la créature au créateur (Frankenstein) et cela reste une peur récurrente (risque nucléaire, peur de l’an 2 000, peur des robots, ...) ; mais aucun n’avait vu l’épuisement de la création par la créature. Il faut remonter à Noé pour trouver un telle vision d’anéantissement/annulation de la création par la faute de l’homme ou alors plonger dans la SF  des années 60 en lien avec l’avènement de l’ère atomique qui propose de nombreux récits de saccages planétaires et de survie (et de rédemption selon le cycle biblique)…

Ne nous trompons donc pas : nos systèmes peuvent être extrêmement évolués, nous pouvons même envisager des innovations bio-techniques palliant nos faiblesses organiques et notre durée de vie limitée jouant ainsi avec le temps… Nous serons alors encore plus puissants et … encore beaucoup plus fragiles et in fine encore plus nécessiteux de ressources spirituelles et éthiques car ce sont les seules capables d’intégrer et donner une orientation à notre immanence ; surtout de limiter nos hubris et nous aider à penser notre condition et les conditions de la vie Bonne.

 

Directement ou indirectement nous restons et resterons donc très lié à la matière, à l’énergie et à l’environnement : on ne peut pas détruire « le nid » ni (encore) s’en échapper, peut-être saurons nous insérer nos puissants systèmes socio-techniques dans les cycles régénérant et vertueux de la nature mais quoiqu’il en soit; ayant considérablement étendu le champ de notre action et de notre création nous devons assumer notre responsabilité globale, celle d’un âge (pré-)adulte de l’humanité avec le pouvoir de détruire irrémédiablement la maison commune et de manière symétrique celui de sauver, préserver, protéger : nous restons poussière et cette vie qui est la notre n’a de sens que dans le sens que nous prenons la liberté de lui donner dans ses dimensions individuelles, collectives et temporelles.

Il ne s’agit pas d’abandonner notre co-création, il ne s’agit pas non plus de fermer les yeux et de poursuivre imbécilement ; il s’agit de mesurer les conséquences de ce que nous faisons afin de trouver une dynamique qui concilie le juste désir de vie meilleure de tous et une dépendance enracinée et héritière qui respecte la nature et nous respecte donc nous-mêmes. L’homme a plus que jamais besoin des traditions, des spiritualités et des religions qui les nourrissent par de vastes et millénaires apports : nous serions bien présomptueux de balayer cela d’un revers de main comme simple cendre du passé. Il ne s’agit bien sur pas de s’enfermer dans des traditions ou des replis et réactivations « crédules » ou superstitieux ni de réinventer un proto-religieux gaïa-gagagologue, il s’agit bien au contriare de poursuivre le chemin de Liberté et de Vérité qui émerge de notre Histoire avec toutes les ressources en notre possession : économiques, techniques, scientifiques, sociales, religieuses et spirituelles, relationnelles, rationnelles et, naturelles. Il s’agit de servir ce qui nourrit le cœur profond de l’Homme et de créer les conditions d’une véritable liberté : celle qui assume sa dépendance et ses limites mais donne sans limite.

 

Car enfin, nous avons maintenant la charge de notre futur ; pour une large part il nous appartient et nous le façonnerons : quel défi, quelle chance, quelle dignité ! Quelque part, nous sommes réellement devenus un, en tous cas totalement interdépendants et liés : les hommes entre-eux et les hommes et la planète. C’est incroyable, unis dans notre diversité ...

 Le sommet des conscience et la COP21 est le temps pour penser tout cela, réunir nos forces et nos faiblesse et les lier dans une matrice d’action en charge de ré-harmoniser nos paradoxes au service de tous et en particulier des plus faibles, animés et inanimés. L’IHEMR est fier et heureux d’y contribuer avec toutes les ressources spirituelles  et intellectuelles qui nous font l’honneur de travailler avec nous.

Xavier Guézou

Délégué Général de l'IHEMR

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